Lors d'un récent passage en Suisse, les prometteurs sleaze metalleux français de BlackRain ont démontré deux choses. Primo, qu'ils forment un putain de bon groupe de scène. Et deuxio, qu'à la question “Quel groupe est composé d'un intello, d'un taciturne, d'un déconneur et d'un queutard ”, on peut désormais répondre BlackRain en plus de Mötley Crüe. Rencontre.
Un mot sur vos influences ?
Swan (voc./guit.) : Guns n' Roses, W.A.S.P., Mötley Crüe, un peut tout ça. Et si t'as l'impression qu'on a un style un peu plus metal, c'est juste en raison de notre son, avec des grosses distos sur les guitares.
Vous avez joué en tête d'affiche du Rest in Sleaze, le festival qui se tient en Suède en hommage au regretté Dave Lepard (chanteur originel de Crashdïet, NDR) : un sacré honneur, non ?
Swan : Oui, mais bon, faut aussi admettre que c'est pas un si gros festival que ça.
Heinrich (basse) : C'est surtout une concentration de passionnés du style, mais comme celui-ci n'est encore totalement revenu à la mode, il n'y a pas tellement de monde... Mais si on y est allé, c'est aussi parce qu'on est potes avec Crashdïet, enfin surtout Swan qui a même composé récemment des chansons avec eux pour – qui sait – leur prochain album.
Ok, mais pardon d'insister : comment expliquez-vous l'exploit pour un groupe français de décrocher une telle date en Suède, le berceau du renouveau du sleaze / glam ?
Swan : Je crois que si c'est vrai qu'il y a beacoup de groupes qui affluent dans le même créneau, il y en a peu qui le font sérieusement. Et j'ai l'impression que c'est ça que les gens apprécient dans BlackRain : on fait les choses sérieusement.
Heinrich : Oui, c'est vrai, les suédois apprécient qu'on soit bien en place, avec des structures un peu plus complexes... mais ils aiment aussi la voix de Swan ! Parce que c'est vrai qu'il n'y a aucun groupe dont le chanteur peut chanter de façon aussi aigüe. Il y avait Dave Lepard, mais c'est tout.
Sinon, comment ressentez-vous le mouvement sleaze en Europe : grande famille ou chacun pour sa gueule ?
Swan : Ben ça dépend des groupes, des personnes, il y a de tout.
Heinrich : Il y a tout de même un réseau, tout le monde se connaît. Par ailleurs, on a quand même l'impression de faire partie d'un vrai mouvement qui voit le retour de la musique, du style et même des coiffures qu'on n'avait plus vus depuis la fin des 80's. Et où c'est cool pour les groupes comme BlackRain, c'est qu'on touche deux catégories de personnes : d'une part, on a le public qui a aimé ce style dans les 80's et qui est content de nous voir et, d'autre part, on a les jeunes pour qui on fait juste un truc de maintenant.
Max 2 (guit.) : C'est clair que ça revient à la mode. Tiens, rien que quand tu vois Philippe Manoeuvre qui porte un t-shirt de Mötley Crüe à la Nouvelle Star, tu te dis qu'il y a quelque chose qui se passe !
Heinrich : le truc, c'est que même s'ils ont été victime des 90's et de l'ère Nirvana, presque tous les groupes des 80's comme Poison, Warrant, Mötley Crüe n'ont jamais vraiment arrêté de faire de la musique. Ils avaient juste disparu médiatiquement...
Vous faites partie de ce mouvement international, mais y a-t-il également une scène en France ?
Heinrich : Oui, clairement, il y en a une, avec notamment des groupes comme Aesthesia ou encore Rakel Traxx. Et il y a d'ailleurs des soirées glam qui s'organisent un peu partout en France et qui fonctionnent super bien.
Max 2 : Si ces soirées marchent, c'est aussi parce que le glam a ce truc en plus par rapport au metal, c'est qu'il plaît plus aux femmes ! Le glam a permis le retour des femmes dans le rock.
Iann Lewis (batt.) : Ouais, il y un côté vachement sexuel dans cette musique. Quand tu demandes à une fille de danser sur du glam, c'est autrement plus sexy que sur du metal...
Heinrich : Ah, oui, il faut peut-être préciser à ce stade que le surnom de Iann, c'est “le gars de la bite”...
Bon, tout autre chose maintenant : votre premier album (“License to Thrill”, sorti en 2008) est actuellement indisponible en raison de problèmes avec votre désormais ancien label (Thundering Records) : comment gérez-vous cela ?
Heinrich : Bon, il faut dire que c'est un label d'escrocs et nous n'avons pas été les seules victimes. Mais on a été un des rares groupes à réussir à casser notre contrat, donc ils ne peuvent pas ressortir le cd. On va le rééditer sur un autre label peu de temps avant la sortie de notre prochain album.
A ce sujet, où est-ce que vous en êtes avec ce nouvel album ?
Swan : Il est prêt. Il y a une certaine évolution, naturellement tout est mieux fait, mais ça reste du BlackRain. L'album a été mixé par Beau Hill, qui a bossé notamment avec Ratt, Warrant, Alice Cooper.
Max 2 : Il faut ajouter qu'on a eu la chance que la crise soit arrivée : grâce à elle, Swan a été licencié et il a eu tout le temps nécessaire pour nous composer un album génial. Donc merci la crise, merci le chômage !
Heinrich : Dans le même registre, on a aussi eu la chance de bénéficier de la faiblesse du dollar, ce qui nous a permis de bosser avec un américain (Beau Hill) pour le prix d'un européen !
Une date de sortie est-elle prévue ?
Heinrich : Dans la première moitié de 2010, mais ça dépendra de notre futur label.
Dernière question : comment est-ce que vous vous voyez dans 10 ans ?
Max 2 : Au chômage et avec des femmes riches !
Heinrich : Bon, une voyante nous a prédit que certains d'entre nous devraient mourir dans pas longtemps... Donc on se voit sur l'île.
L'île ?
Swan / Heinrich : Oui, l'île où sont toutes les stars disparues. Parce que personne n'est mort, que ce soit Jim Morrison, Elvis, Michael Jackson, Jimi Hendrix, Kurt Cobain, etc.
Max 2 : Il y a quelques français aussi : Joe Dassin, Dalida....
FICHE CD
Nom de l’album : «License to Thrill»
Website : www.myspace.com/blackfuckinrain